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Une merde dans un bas de soie : les mots de Napoléon pour Talleyrand

À la fin du XVIIIè et au début du XIXè siècle, la France traverse une période agitée avec de nombreuses guerres et changements de régime. Talleyrand les a traversés.

En France, la période qui s'étend de la fin du XVIIIè au début du XIXè siècle est particulièrement agitée qui a vu le régime politique changer de très nombreuses fois. Superpuissance en cette période, la France va pendant quelques années dominer toute l'Europe militairement.

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord est né en 1754 à Paris. Issu de la haute noblesse, il est né avec un pied bot et assurera des rôles politiques et diplomatiques sous les différents régimes que connaîtra la France : Ancien régime, Révolution française, Directoire, Consulat, Premier empire, Restauration, Monarchie de juillet...

Qui a prononcé la phrase « Vous êtes de la merde dans un bas de soie », et à quelle occasion ?

On prête ces mots à Napoléon Bonaparte vis-à-vis de Talleyrand. Dans les faits, il est possible que cette citation ait été exagérée voire inventée.

D'après certaines souces, cela serait lié au complot de Talleyrand et de Joseph Fouché lors de l'hiver 1808-1809, visant à faire croire que l'Empereur, qui était alors en Espagne dans le cadre d'une campagne militaire, serait mort. Leur but est de le remplacer par l'Impératrice Joséphine, comme régente.

Leur conspiration est découverte, mais les sanctions de Napoléon contre Talleyrand et Fouché sont finalement assez peu importantes : le 27 janvier 1809, l'Empereur revient à Paris et convoque Talleyrand, qu'il injurie.

« Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi ; vous ne croyiez pas à Dieu ; vous avez, toute votre vie, manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde ; il n'y a pour vous rien de sacré ; vous vendriez votre père. Je vous ai comblé de biens et il n'y a rien dont vous ne soyez capable contre moi. Ainsi, depuis dix mois, vous avez eu l'impudeur, parce que vous supposez, à tort et à travers, que mes affaires en Espagne vont mal, de dire à qui veut l'entendre que vous avez toujours blâmé mon entreprise sur ce royaume, tandis que c'est vous qui m'en avez donné la première idée, qui m'y avez persévéramment poussé !

Puis Napoléon évoque le duc d'Enghien, exécuté en 1804 sur son conseil car il aurait fait partie d'un complot royaliste, devenant leur martyr en France et en Europe :

Cet homme, ce malheureux, par qui cependant ai-je été averti du lieu de sa résidence ? Qui m'a excité à sévir contre lui ? Étranger à la mort du duc d'Enghien ! Mais oubliez-vous que vous me l'avez conseillé par écrit ? Étranger aussi à la guerre d'Espagne ? Mais oubliez-vous que vous m'avez conseillé de recommencer la politique de Louis XIV ? Oubliez-vous que vous avez-été l'intermédiaire de toutes les négociations qui ont abouti à la guerre actuelle ? Quels sont vos projets ? Que voulez-vous ? Qu'espérez-vous ? Osez le dire ! Vous mériteriez que je vous brisasse comme du verre ; j'en ai le pouvoir ; mais je vous méprise trop pour en prendre la peine ! Oh ! tenez, vous êtes de la merde dans un bas de soie. »

Cette phrase est apocryphe : en réalité, il n'existe aucune preuve formelle, son authenticité est réfutée par plusieurs historiens. Elle est restée célèbre pour évoquer le paradoxe entre ces deux contemporains : l'un, Napoléon, persuadé que pour établir sa gloire et celle de la France, il fallait utiliser la force contre les vieilles monarchies européennes. Talleyrand, quant à lui, semblait beaucoup plus sournois, avec une vision de la France importante, mais dont le régime politique semble finalement compter assez peu.