Dans ce contexte international très compliqué, les clés de lecture fournies par des chercheurs et des universitaires peuvent être très utiles. Francis Fukuyama est spécialiste des questions liées à la géopolitique est l'auteur du livre « La fin de l'histoire et le Dernier Homme », datant de 1992. Dans ce livre, le chercheur développait une thèse selon laquelle la fin de la guerre froide entraînerait en quelque sorte « La fin de l'Histoire » avec la victoire idéologique du libéralisme, mais de grands troubles et une instabilité en Europe de l'Est. Ce livre n'affirme pas une fin des choses en soi, mais un profond remaniement d'un certain nombre de valeurs et de faits dans les domaines des relations internationales et de la philosophie.
Dans un article paru sur le site Quillette, et traduit par le Point, Francis Fukuyama développe une thèse selon laquelle l'invasion de l'Ukraine par la Russie est symptomatique d'une volonté du Kremlin de préserver une sphère d'influence à ses frontières, qu'il refuse de voir basculer du côté de l'Union Européenne (économiquement et politiquement) et de l'OTAN (militairement).
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D'après ce chercheur de l'université de Stanford, Vladimir Poutine s'oppose au nouvel ordre européen apparu avec la chute du mur. Des pays auparavant dans la sphère soviétique (République Tchèque, Hongrie, Pologne, pays baltes...) ont basculé dans l'Europe et dans l'OTAN. Le rapprochement progressif de ces puissances des frontières de la Russie est inacceptable pour le Président russe, qui craint que cela ne donne trop d'idées à la population russe. Voir le succès du modèle libéral dans des puissances anciennement satellites de l'URSS, voire dans le cas de l'Ukraine qui en faisait partie autrefois, pourrait provoquer un éveil des consciences en Russie. Vladimir Poutine voudrait donc retrouver une zone tampon en Europe de l'Est, avec des pays « non-alignés » voire quasiment fantoches comme la Biélorussie.
Cette vidéo du Point résume et traduit en partie l'article de Francis Fukuyama
Toutefois, l'invasion russe de l'Ukraine pourrait avoir l'effet inverse : provoquer une révolte de la population russe contre ses dirigeants. Un succès de l'invasion des forces armées russes pourrait néanmoins avoir des conséquences très graves : elle décrédibiliserait la puissance et la solidarité des puissances occidentales entre elles, et ouvrirait la voie à d'autres invasions de ce type de la part d'états autoritaires (comme la Chine) à l'encontre de pays mitoyens.
L'intégralité de cet articles est à retrouver en anglais sur le site de Quillette, ou en français sur le site du Point (payant).
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